Burn-out : comment le reconnaître ?

« Ca ne va pas du tout mais je tiens bon ».

Ces derniers mois, j’ai reçu tellement de demandes que j’ai dû proposer une liste d’attente… de deux mois parfois.

Désolée de ce délai, que je trouve trop long, je demande systématiquement aux femmes qui me contactent si elles préfèrent s’adresser à un autre professionnel plus rapidement ou à moi avec un délai d’attente allant de 1 à 2 mois.

Parmi celles qui ont attendu tout ce temps, quatre femmes ont commencé leur travail avec moi par un burn-out. L’une est avocate, une autre enseignante, la troisième orthophoniste et la dernière consultante en stratégie d’entreprise.

Le pas le plus difficile à franchir à chaque fois est celui de la prise de conscience qu’on est en plein burn-out. C’est le passage qui me demande le plus de délicatesse : réactivité et patience, bienveillance et brutalité parfois : je les surveille comme le lait sur le feu.

Oui, parce qu’au moment où je reconnais les signes du burn-out, elles ne les voient pas encore, elles. Ou ne veulent pas les voir. Certaines d’entre elles sont restée longtemps dans une forme de déni. Déni qui porte le plus souvent en premier lieu sur la gravité de leur état : « oui je suis fatiguée, super stressée, j’ai mal partout, mais les autres y arrivent, je vais y arriver. »

« Aucune aide ne peut être efficace tant que la personne ne reconnaît pas son état comme nécessitant des soins »

Le burn-out est difficile à reconnaître. Celles qui me connaissent savent que j’utilise souvent la métaphore de la voiture pour éclairer mon propos. Ici, le burn-out serait comme une voiture dont le tableau de bord se mettrait à s’allumer plus souvent que d’habitude : tel voyant s’allumerait tous les jours au démarrage, puis tel autre resterait allumé tout le temps depuis un mois. La conductrice peut ne pas voir ces signaux lumineux. Les quatre femmes dont je vous parle les voyaient en général, mais elles en minimisaient le sens. Comme si, ne sachant plus très bien ce que tel signal veut dire, elles se disaient « bof, la voiture roule, c’est que ça ne doit pas être catastrophique. »

Malgré le fait que je les incite à voir et entendre ces signaux comme les premiers signaux avant la panne, elles peinent à prendre en compte cette réalité.

Or aucune aide ne peut être efficace tant que la personne ne reconnaît pas son état comme nécessitant des soins.

Dans ces cas-là, il m’arrive de devoir abandonner ma méthode et son déroulé habituel pour me concentrer sur un seul objectif : amener peu à peu leur conscience sur tous ces signaux qui s’allument sur leur tableau de bord, les aider à leur donner sens, leur montrer que sans les prendre en compte elles courent droit vers… la panne sèche.

Ces signaux se regroupent en trois catégories :

  • des signaux d’épuisement émotionnel : je pleure tout le temps, ou j’explose de colère avec mon mari et mes enfants, ou je pleure devant mon écran au boulot ou je me sens à bout le soir, vidée, ou je suis en état de stress permanent, je fais des crises d’angoisse, j’ai le sentiment que tout est une montagne, etc…
  • des signaux d’épuisement physique : je me lève avec mal au dos, je dors mal, je ne me repose pas même pendant les vacances, je suis fatiguée tout le temps, je me traîne, j’ai des douleurs abdominales non expliquées, dès qu’une situation me stresse, j’ai des douleurs dans mon corps, je ne supporte plus le bruit, j’ai des problèmes d’exzéma ou de peau que je n’ai pas habituellement, etc..
  • des signaux de mise à distance affective avec ses proches (y compris avec ses enfants) et de perte ou baisse du sentiment d’épanouissement au travail.

Le burn-out arrive après une période trop longue de soumission à un stress trop fort.

S’il est si difficile pour les femmes dont je vous parle de reconnaître cet épuisement, c’est qu’elles sont très investies dans leur travail et dans leur vie familiale. Le burn-out touche rarement des personnes qui se fichent de leur travail : au contraire, plus l’engagement est fort, plus elles s’accrochent à leur engagement : « je ne peux pas les laisser tomber, on compte sur moi au boulot, ha oui mais avec mes enfants je ne peux pas me reposer comme ça », etc..

Or la pente est beaucoup plus longue à remonter quand on est allé jusqu’à la panne sèche que si on s’arrête avant.

Parmi les quatre femmes dont je vous parle, l’une d’entre elles a tenu 5 mois avant de craquer. Elle m’a écrit plus tard que tout au long de ces 5 mois, les séances avec moi ont été ses « bouées de secours ». N’empêche que durant ces 5 mois elle a tiré sur la corde et que l’intensité de son épuisement, à l’issue de notre période d’accompagnement, ne lui permet pas encore d’envisager comment rebondir.

La deuxième est courageusement allée voir son médecin d’après mon insistance et mes mises en garde répétées. Elle a réagi tôt et m’en a remercié plus tard en disant qu’elle se rendait compte après-coup que c’était la seule décision à prendre.

Pour la troisième, c’est un passage aux urgences de l’hôpital pour douleurs abdominales insupportables, juste après une séance où j’avais brutalement annoncé qu’elle faisait pour moi un burn-out, et dont il n’est ressorti qu’elle n’avait « rien », qui a eu l’effet « stop » attendu. Assez choquée en sortant de l’hôpital « comment puis-je me rendre malade de stress à ce point ? », elle a vite réagi en allant voir un médecin – qui, voyant son état, l’a arrêtée – et elle a accepté de travailler main dans la main avec moi. En quelques mois, elle a pu reprendre suffisamment de forces pour que nous puissions continuer à travailler ensemble. Nous sommes allées jusqu’à la formulation d’un nouveau projet professionnel lors de la dernière séance, qui lui a fait dire à la fin « aujourd’hui j’ai pris conscience que je peux réaliser un rêve ». C’est pourtant la même femme qui, quatre mois plus tôt, ne se sentait plus capable de rien, et nulle en tout.

Enfin, au moment où j’écris ces lignes, je suis toujours en train de veiller sur la dernière des femmes dont je vous parle.

Voilà de quoi illustrer cette différence que j’évoquais entre le fait de reconnaître qu’on est en plein burn-out avant de « se prendre le mur », et le fait de ne reconnaître la situation qu’au moment du choc avec le mur, c’est-à-dire ce beau matin où l’on se voit incapable de se lever.

Vous l’aurez compris, mes accompagnements ne sont pas calibrés pour ces passages-là. Néanmoins, et comme dans la vie en général, nous « faisons avec » ce qui arrive. Mais je ne suis pas la meilleure interlocutrice pour vous si vous vous reconnaissez dans les signes que j’ai énumérés plus haut.

« Bon, mais comment savoir si je fais un burn-out ou pas ? »

C’est pour vous, qui vous posez la question peut-être, que j’écris cet article aujourd’hui. Ne minimisez pas la situation, écoutez votre petite voix qui vous dit que vous n’en pouvez plus. Et apprenez que les autres femmes aussi craquent, se retrouvent en arrêt de travail, trouvent difficile de tout concilier. Vous croyez que toutes les autres femmes y arrivent sauf vous ? Eh bien pourquoi ne pas les interroger ?

Si vous vous posez la question « suis-je en plein burn-out », alors je vous engage à aller consulter votre médecin traitant : il est formé et saura vous questionner pour faire le diagnostic et savoir si votre état d’épuisement nécessite une pause et des soins particuliers.

N’hésitez pas ! Vous vous en remercierez plus tard, une fois traversée cette période aussi désagréable que potentiellement hyper fertile pour votre vie.

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Valérie de Minvielle, psychologue clinicienne et créatrice de Ma Juste Place

Valérie de Minvielle, psychologue clinicienne

J’ai à cœur d’accompagner sur le chemin de leur juste place les femmes qui, à force de vouloir assurer sur tous les fronts, s’épuisent et font l’inverse de ce qui compte pour elles. En m’appuyant sur vingt ans d’expérience professionnelle en tant que psychologue et sur mon expérience de vie, j’ai mis au point une méthode sur mesure qui vous permet de bâtir une vie conjuguant sens et plaisir. Vous repartirez de chaque séance avec une vision plus claire de vos enjeux et des actions concrètes pour avancer.

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